Samedi. Le sol dégèle. On peut enterrer nos morts de l'hiver.
Il faisait beau soleil. On remerciait le ciel qu'il ne pleuve pas. Et j'imaginais cette scène comme on voit dans les films : cerceuil, pleurs, averses, habits et parapluies noirs. Non, il faisait chaud sur le sol du cimetière. Heureusement.
Parce qu'enterrer son mort plus tard, comme cela, c'est pire : nous avons maintenant conscience de son absence. Nous en connaissons déjà les conséquences.
Ma mère pleura beaucoup. C'était surtout pour elle que j'y étais : je fus content d'y être.
Évidemment, il fallut bien un moment cocasse. Je te laisse avec cette pointe d'humour : le trou n'était pas assez grand! Ils croyaient qu'on placerait l'urne sur le côté! Non mais. Fallut encore se battre.
Toutes des choses dont ma grand-mère se fout, mais pas nous. Ce qu'on respecte d'une personne décédée, c'est sa mémoire.
Plus tard, lorsque je racontai à quelqu'un que j'avais été à une mise-en-terre le matin, il me répondit :
« C'est quoi ça? Un genre de cérémonie pour planter une fleur? »
Oui. C'est en plein ça.