mercredi, novembre 01, 2006

Marie-Josée

5h35. Surprenamment, la calendre chromée de la voiture ( c’est ainsi que je la reconnais, avec son VW caractéristique ) de Marie-Josée se pointe le nez dans l’entrée du garage. Mon cœur chavire ; je me lève. Je sors de ma coquille. Car si j’ai appris une chose pour en avoir tant laissé passer, c’est qu’il vaut mieux tenter sans moyen que de rester bouche bée gaga à ne rien faire.

- « Hello senor! », pendant que la voiture s’approche de ma hauteur.

Ai-je bien entendu? Elle me donnerait du senor ce matin? Impossible! Commencer à m’affubler de petits noms tendres, ce serait beaucoup trop dangereux. Probablement qu’elle parlait encore à sa passagère, et j’aurai mal compris. Quand même, que je repense, elle revient du Sud, avec un grand S, celui qu’on rejoint par avion. Alors peut-être que le senor, hein, elle le dit à tout le monde depuis son retour, pour jouer, pour se faire croire qu’elle y est encore un peu, peut-être même surtout pour nous le rappeler ; on parade de ses beaux voyages comme de notre belle voiture, de notre belle maison : c’est une position. Sans compter que sept jours, c’est trop court, ce n’est pas une durée, sauf si justement, on en parle notre vie durant. Comme ces vieux garçons qui ravivent à tout instant leur ancienne flamme, pour bien qu’on sache qu’il n’y a pas toujours rien eu, que cela aurait pû en être autrement, qu’il ne faut surtout pas croire que…Non mais oh.

Quand même, « senor »...j’ai la berlue! Sinon qu’elle cesse immédiatement : comme tu vois, je suis du genre à m’inventer des histoires, et j’ignore combien de temps je parviendrai à garder mon sang-froid. Hummmm. Mon sang chaud. C’est comme cela que je le préfère.

Entretemps, j’essaie de couiner quelques mots.

- « Tu recommences à revenir tôt le matin? »

Primo, c’est arriver que j’aurais dû dire! Ensuite, « re » et « re », ça enfarge. Ma bouche fait de grandes simagrées pour prononcer, Marie me regarde parler d’un air un peu surpris, pendant que je n’ai pas le choix de terminer ce que j’ai commencé : j’ai l’air d’un plouc, je le vois bien.

- « Eh, les vacances sont finies. »

Puis. elle part faire sa journée. La mienne achève…

Senor, a-t-elle dit senor?

Son petit sourire.

Radieuse, vraiment.

Elle est mariée.

Impossible j’te dis.

Mais comment va son couple? Hein? Je pourrais le lui demander.

« Dis MJ, t’es mariée, toi, n’est-ce pas? (Ne pas avoir l’air d’en savoir tant. Ne surtout pas lui laisser la chance de répondre : on ne veut quand même pas l’entendre décoller sur son ô merveilleux mariage.) Et comment va, la vie de couple? »

La moue qu’elle fait veux tout dire. Un bref instant, son visage s’assombrit, et ça je ne peux l’imaginer. Je m’approche. Elle saute dans mes bras. Je tombe.

Les étoiles.

Je pourrais aller la voir, maintenant, quérir un café. Mais je préfère attendre demain. Nous sommes lundi. Ne pas la laisser s’imaginer que nous en prendrons l’habitude, à tous les matins. Pas pour cela, pas pour qu’elle nous offre un café. Demain : mardi, ça fait plus aléatoire.

Mais je continue de rêver. Marie-Josée, elle, a décidé de passer à l’action. Trêve de minaudages! La porte qui mène à l’ascenseur qui mène aux bureaux s’ouvre. C’est elle. Son visage toujours souriant, notre préférée à tous ici. Marie-Josée, un nom ordinaire pour quelqu’un qui génère autant de sourires. Elle tient trois cafés. Elle en porte un à mon collègue, il dit quelque chose, elle rit.

Et puis, hé oui, la voilà qui se dirige vers mon poste. Elle en a long à parcourir, elle me sourit de loin. Il lui reste deux cafés. Un pour moi.

L’autre…pour elle?!

4 Salves:

Anonymous Anonyme écrit...

Ouais! Le blogue revit ! ;)
Elle est vivante ton écriture, habitée. J’étais nerveuse pour toi avec cette M-J.;)

MC

alors... c'était pour qui le café ??

01 novembre, 2006 13:26  
Blogger Satyre écrit...

Quel café?? :P

Ah ma chère, il faut en prendre et en laisser! ;)

Qui dit vrai?

"Mais je continue de rêver..."

xxx

Merci pour les bons mots. Vraiment.

01 novembre, 2006 19:33  
Blogger Satyre écrit...

Sauf que, sans blague, m'a-t-elle vraiment dit "senor", tu crois?

01 novembre, 2006 21:30  
Anonymous Anonyme écrit...

Rêve ou réalité, il n'y a que toi qui peut dire... c'est la joie d'Internet

"mais... continue de partager parfois..." ;)

02 novembre, 2006 10:58  

Publier un commentaire

<< Home


  • ^^ retour