Parenthèse sur les influences enfouies
« Si je te dis «brin d’herbe», évidemment tu peux penser à un, t’en faire une représentation ; mais pourrais-tu te souvenir d’un brin d’herbe en particulier, un seul dans toute son individualité ? »
Enfin, quelque chose qui ressemblait à cela. J’ai toujours su que, si elle était de moi, c’était quand même du Calvino. Non seulement cela, un texte dans Palomar s’intitule Le pré infini. Je viens de le relire, pour voir à quel point ce que j’avais écrit, je l’avais déjà lu. Comme quoi…
Voilà. Je te laisse avec sa conclusion :
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Calvino : Le pré infini [extrait], in Palomar
(mise en situation : Palomar entretient sa pelouse…)
Les pensées de Palomar suivent déjà un autre cours : est-ce «le pré» que nous voyons, ou bien voyons-nous une herbe plus une herbe plus une herbe?...Ce que nous appelons «voir le pré» est simplement un effet de nos sens approximatifs et grossiers; un ensemble existe seulement en tant qu’il est formé d’éléments distincts. Ce n’est pas la peine de les compter, le nombre importe peu; ce qui importe, c’est de saisir en un seul coup d’œil une à une les petites plantes, individuellement, dans leurs particularités et leurs différences. Et non seulement de les voir : de les penser. Au lieu de penser «pré», penser cette tige avec deux feuilles de trèfles, cette feuille lancéolée un peu voûtée, ce corymbe si mince…
Palomar est devenu distrait, il n’arrache plus les mauvaises herbes, il ne songe plus au pré : il pense à l’univers. Il essaie d’appliquer à l’univers tout ce qu’il a pensé du pré. L’univers comme cosmos régulier et ordonné, ou comme prolifération chaotique. L’univers fini peut-être, mais innombrable, aux limites instables, qui ouvre en lui d’autres univers. L’univers, ensemble de corps célestes, nébuleuses, poussières, champs de forces, intersections de champs, ensembles d’ensembles…
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Non mais, dîtes-moi que je ne suis pas le seul à qui cela se fait tordre de rire?
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