jeudi, janvier 26, 2006

Penser à ne rien penser

À qui n’ai-je pas rabattu les oreilles avec mon vieux compagnon Palomar?

J’en profite ce soir : comme de fait Palomar n’est jamais chez moi puisqu’il fait le tour de tous ceux que je croise, mais par hasard ce soir nous nous trouvons au même endroit. Je le tiens dans mes mains depuis une heure en y songeant, réfléchissant à lui et d’autres choses.

C’est facile j’ai dû le lire à mon premier cours de philo au cégep. Je peux mettre une date là-dessus. Parfois le contexte sert de moyen de datation. Comme un carbone14 du souvenir. Bref :

Septembre 1991. Ce livre que j’ai entre les mains, je l’ai depuis quatorze ans! Bientôt, j’aurai vécu aussi longtemps avec lui que sans lui! Un très vieil ami.

Palomar, d’Italo Calvino. Fallu lire cela en philo. Putain que le monde haïssait cela! Et moi je trippais comme un malade. Palomar, c’est un vieux toujours perdu dans sa tête, à retourner inlassablement des insignifiances, des détails. Mon Dieu! Déjà si jeune, j’avais l’impression que c’était un peu moi, quand je serai vieux. Évidemment, je ne m’en suis pas éloigné aujourd’hui. Au contraire…

Septembre 1991. Entre adolescent et adulte (homme, cela viendra beaucoup plus tard, mais je m’écarte). Je commençais à peine à réaliser que je n’étais pas nécessairement synonyme de normalité. Apparemment, réfléchir à tout et à rien et se parler n’est pas le fait de tous.

Jusqu’à cet âge, dans mon innocence bête, je ne pouvais m’imaginer que ça puisse être différent pour quiconque. Encore aujourd’hui, j’ai de la difficulté à croire le contraire.

J’ai toujours pensé que ne penser à rien c’était quand même penser à ne rien penser.

l l l

Bon, je te reviens avec tout cela. En ce moment, je suis incapable de penser.

Ou, si je le fais, rien n’est fixe…

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